Puis quand le coup de pouce n'a pas suffit et que l'on m'a orienté vers la PMA, cela a été un véritable tsunami dans ma vie: sentiment de tristesse, colère et de culpabilité se sont mêlés.
Mon plan de vie si bien calculé s'effondrait ...
Sentiment paradoxal comme bien souvent dans l'infertilité, je crois que même si le ciel m'est tombé sur la tête, au fond de moi je l'ai toujours su.
Je me souviens quand j'ai eu mes premières règles étant ado, m'être dit : "ouf, déjà un ennui en moins, si je ne peux pas avoir d'enfant ça sera dû à autre chose ...." Bon, je réfléchissais avec mon cerveau d'ado et fort heureusement j'étais naïve.
Quand j'ai su, au début c'était inconcevable pour moi de ne pas faire un bébé normalement (enfin pas pour l'Hom à qui ça importait peu). Moi j'en chialais tout le temps ....
Tout me paraissait insurmontable, les obstacles me paraissaient infranchissables: le travail, les prises de sang, les piqures, les échos, les salles d'attente, l'image des autres sur moi ...Puis le temps faisant son chemin, et les mois passants, je me suis organisée, je me suis faite à l'idée que peu importe la façon de concevoir son enfant, l'important ce n'est pas ça.
Je me suis résignée à ne pas concevoir mon bébé normalement mais pas à ne pas avoir de bébé...
J'ai appris à m'organiser au fil des cycles et à me simplifier la vie.
Par exemple, dès que je commence les piqûres, je prends des RDV tous les jours non stop pour les échos même si je n'en aurai pas besoin de toutes: cela me permet d'avoir des horaires qui me permettent de concilier plus facilement mon travail et ma vie d'infertile
Sur le plan psychologique, je me suis blindée par rapport aux remarques des gens, j'ai construit ma carapace. Je peux même parfois faire de l'autodérision!
Cela ne m'empêche pas d'être déçue, de ne pas arrêter d'y penser mais j'aborde plus sereinement les cycles sur la partie organisation.
Aujourd'hui je suis prête psychologiquement à faire une FIV ce qui n'était pas le cas il y a quelques mois ...
Comme l'a dit si bien une de mes amies et je crois qu'elle a raison, même si c'est long et difficile, il est nécessaire de passer par toutes ces étapes et de faire son cheminement pour arriver à accepter le processus.
Je trouve que cette courbe d'acceptation résume assez bien la situation, et je pense qu'aujourd'hui je suis en quête de renouveau et de sens.
La vie doit reprendre son cours et ne plus être mise en pause comme j'ai pu le faire depuis 2 et demi.
Je dois juste accepter que la PMA fait partie de ma/notre vie, de ma vie quotidienne tout comme le ménage, les courses, aller au boulot...
Elle ne doit pas prendre toute la place, je dois continuer à profiter de la vie pour ne pas avoir de regrets plus tard.
Il y a des choses qui me semblent encore difficiles à faire voire impossibles, mais j'arrive mieux à me dire que l'on peut faire des week end à deux ou entre amis et que tant pis si ça tombe au mauvais moment, et que je doive mettre mes piqûres dans le frigo commun avec le risque que l'on me demande ce que c'est. J'arrive à m'inscrire à des trucs sur le long terme meme si je ne sais pas ou j'en serai dans plusieurs mois, quitte à annuler selon les évènements.
Par contre, changer de boulot me semble encore inconcevable et ingérable. Voir mes amies tomber enceintes, accoucher aussi ...
Il y aura toujours des hauts et des bas parce que c'est le lot de toute personne suivie en PMA.
Mais si jamais je n'arrive pas à t'avoir dans mes bras, il ne faut pas de regrets sur d'autres parties de ma vie, car je n'y survivrai pas!
Cela ne m'empêche pas de penser à toi mon petit être imaginaire,
mais je dois continuer à vivre pour t'accueillir correctement quand tu seras là,
car je ne perd pas espoir!